-Artiste présent dans la bible de l’art abstrait et coté AKOUN.
Parler de soi, s’exposer et se mettre en valeur, pour un artiste, est un exercice difficile, voire périlleux. La pudeur et la timidité l’emportent parfois sur le désir de se confronter aux regards et aux critiques… Ces mêmes critiques pouvant être dithyrambiques face à des créateurs qui comme moi, sortent des sentiers battus.
A bien regarder dans le passé d’ailleurs, même les plus grands ont été critiqués : on a raillé Monet, Picasso, Van Gogh et bien d’autres, et les plus grands chefs d’œuvres firent scandale, Guernica, Olympia et l’Origine du monde, pour ne citer que ceux là. Plus récemment Buren, Buffet, Raynaud…furent à leur tours critiqués. Le dénigrement des artistes est plus souvent pratiqué que leur reconnaissance.
J’ai commencé à dessiner vers l’âge de 12 ans et c’est à 20 ans que j’ai découvert la peinture, initié par un collègue éducateur. Très rapidement se dévoilent à moi les immenses possibilités picturales offertes par ce mode d’expression et je me tourne instinctivement vers une forme d’abstraction/figuration quelque peu « cubisante et mouvementée », comme une évidence, mais aussi pour réussir à mieux dessiner !
En 1986 à l’âge de 30 ans j’observe un peu par hasard, dans un restaurant, une reproduction d’un tableau néo-palstique de Piet Mondrian : c’est un choc, une révélation ; subjugué, je découvre implicitement que je peux faire ce qu’au fond, j’ai envie de faire depuis longtemps.
En découvrant cet artiste par le biais de livres qui lui sont consacrés, je revisite Kandinsky et fais plus en profondeur connaissance avec le néoplasticisme, mis en avant dans la revue « De Stijl », crée par Mondrian et Van Doesburg au début des année 20, puis Malevitch et le suprématisme, les abstraits de l’école de Paris, Claisse, Dewasme, Nemours ; et Gorin, Nicholson, vantongerloo…
J’identifie alors plus précisément quel peut être mon « chemin » : l’abstraction et la géométrie. J’imagine également que ce chemin sera original, mais m’éloigne naturellement de la rigueur et de l’austérité du néoplasticisme ne voulant rien m’interdire !
J’utilise par exemple les courbes, les ronds, je m’autorise les obliques et ne me limite pas à 3 couleurs, rouge, bleu et jaune, et aux gris, blanc, et noir, et pose de véritables épaisseurs de peinture. Je flirte avec le figuratif… certaines de mes compositions devenant « figuratistes », comme la maternité, le chien assis ou la composition primitive. Mon travail est dit « géométrique », empreint d’équilibre, de légèreté et de mouvement, tant du point de vue de la matière que de celui du sujet dans son ensemble. Ma technique : La peinture, en diverses couches de plus ou moins importante épaisseur, est posée simplement sur la toile, avec un mouvement de pinceau effectué au moment précis du dépôt de celle-ci, sans l’écraser, de façon à donner cette impression de mouvement et de légèreté, et aussi de façon à maintenir son aspect tel qu’il existe au sortir du tube, les limites de chaque zone étant précisément établies durant l’étude, qui se fait toujours sur papier, avant la réalisation de la toile elle-même, sur laquelle il m’arrive également de « projeter » la matière.
Ce que je recherche avant tout, c’est d’emmener le spectateur dans les mouvements de mes réalisations. Rien n’est fixe dans mon travail, certaines toiles peuvent d’ailleurs être accrochées de différentes façons, selon l’envie, elles sont dites « c’est comme vous voulez » et sont signées au dos.
« J’ai mis des années à oser faire ce que je fais, j’ai mis encore bien des années à oser le montrer. »
Pour aller plus loin, Alain Fromont vu par la journaliste libanaise Doha Mol :
L’œuvre de l’artiste Français Alain Fromont.